Pas de plastique dans le Corvol !

Après quelques échanges avec Actierra et le SMYB, étude, gestionnaires et propriétaire du Corvol, on m’a répondu que la route forestière doit impérativement être conçue avec un film de géotextile, et qu’il ne s’abimerait pas dans le temps.

Là j’ai senti l’écart de génération, mes décennies en plus qui font observer comment vieilli tout ce qui était éternel à mes yeux jeunes. Alors je répond encore. En étudiant les méthodes de construction des routes forestières par l’ONF et le CNPF, je constate qu’il y a une ERREUR !


Après plusieurs échanges avec le SMYB et Actierra, je comprends que mes arguments n’ont eu aucune influence. L’argument d’Actiera et du SMYB est qu’il faut faire une route durable pour les camions forestiers. Et que personne ne s’est manifesté contre et que ça ne peut pas se faire autrement et que le géotextile est imputrescible.

Nous sommes nombreux pourtant à trouver ce traitement disproportionné. C’est difficile de comprendre des domaines qui ne sont pas les nôtres, mais plus je cherche à comprendre et plus il me semble que nous avons raison de ne pas vouloir de géotextile, et même qu’il faudrait alléger encore plus le traitement de ce chemin.

Mon argumentaire s’étaye : il ne faut pas mettre de géotextile sur une piste forestière qui ne sera utilisée que comme piste de débardage. Une piste de débardage n’a pas à être aménagée car elle reçoit les mêmes engins que le sol forestier, soit les engins les plus légers. C’est la voie la plus petite et la plus éloignée des aires de stockages. C’est l’accès aux aires de stockage depuis les routes publiques qui demande de prévoir un aménagement solide.

Voir les préconisations du CNPF et un exemple de l’ONF qui recommandent de laisser ces pistes en terrain naturel. (Les camions forestier sur routes vont chercher les grumes sur des aires de stockage. Il n’y a pas d’aire de stockage ici, c’est seulement une petite piste forestière en cul de sac sur des parcelles en pente, identifiées comme pauvres sur l’aménagement ONF de Chevannes-Changy.)

https://ifc.cnpf.fr/sites/ifc/files/2024-03/Fiche%20Gestion%2012%20-%20La%20Desserte%20Forestie%CC%80re%2C%20pourquoi%20un%20bon%20r%C3%A9seau.pdf

https://www.onf.fr/produits-services/%2B/e7::une-route-forestiere-creee-par-lonf-pour-faciliter-le-transport-de-bois.html

Le géotextile finira en microparticules. Même et surtout s’il est « imputrescible ».  L’entretien éternel du chemin maintenant le géotextile en place n’est évidement pas garanti. Introduire de futures micro-particules de plastique dans un espace construit pour la biodiversité et le climat, l’écologie, est nuisible, en plus d’être inutile puisque le chemin sera moins utilisé qu’auparavant et seulement par les promeneurs et peut-être tous les vingt ans par de petits engins de débardage prévus pour aller dans la foret. 

Le chemin en état d’usage existe déjà (je cite une habitante : « il existe depuis toujours et il continuera d’exister, il n’a pas besoin de plastique »). L’usage forestier est très réduit (ce sont des parcelles en pente, je crois de l’ONF et de la CDC principalement). Et ce chemin, est désormais privé de sa continuité au reste des chemins forestiers, puisque ne pouvant plus continuer au delà de la digue depuis que la rivière a rongé le talus sur lequel le chemin passait. Le véritable usage seront de rares promenades.

La gestion forestière cherche à réduire les plastiques des protections des jeunes arbres car il a été démontrer qu’elles polluent les nappes phréatiques. Elle commence à concevoir ses routes en tenant compte des continuité écologiques, qui existent aussi dans le sol.

Le souhait de rendre très durable ce chemin ne colle pas avec son entretien futur qui sera celui d’une piste de débardage : débroussaillage avant usage. En revanche, les futures crues de plus en plus violentes, ne garantissent pas sa préservation par dessous. Les épisodes pluvieux de plus en plus violents demandent de maintenir les racines, mais là elles seront supprimées pour un chemin minéral stérile. La continuité biologique du sol sera interrompue par ce traitement en route forestière. Je pense que cette route très durable sera un jour abimée.

Je comprends qu’il n’existe pas de « preuve » qu’aucun propriétaire forestier n’utilisera de camions sur cette piste, mais ce n’est pas l’usage habituel de ce type de lieu et des forestiers.

Il n’y a aucun intérêt majeur pour le SMYB et Actiera à se compliquer la tâche, ils ont surement beaucoup de travail. Mais comme laisser une piste de débardage en terrain naturel, conforme à l’usage attendu du lieu coute moins cher et sera plus écologique (esprit du projet), et surtout plus simple à réaliser, nous demandons que ce point soit revu.

Je tiens à préciser que nous sommes très satisfaits de ce projet, avec ses divers points qui nous conviennent, plus ou moins et de la façon très ouverte dont nous avons été écoutés et intégrés au projet. Mais alors que le dernier IPBES vient de sortir en préconisant l‘importance de ne pas fonctionner en silo, je suis motivée pour faire ici un exemple de l’importance de ne pas laisser de côté des silos polluants à coté de silos écologiques alors qu’on peut le faire. Et surtout quel dommage de mettre autant de plastique (un kilomètre) qui ne servira à rien que nuire.