Galeries Multiréseaux – Réseaux, loin des yeux, loin du cœur !

Le tout électrique va engendrer des renforcements des réseaux électriques et des ouvertures de tranchées partout. C’est l’occasion d’anticiper la cohabitation des réseaux entre eux, et avec les arbres.

Les arbres ont besoin d’espace autour d’eux, au-dessus du sol, mais aussi en dessous !

Mais les villes ne sont jamais gérées par en dessous. Le plus souvent, les sous-sols sont un chaos de chantiers et de réseaux, perturbant nos flux habituels dès que des travaux barrent le passage, où lorsqu’un réseau est endommagé. Et les arbres n’ont qu’à se pousser.

Lors d’une conférence que je donnais en Août 2022 sur la protection des arbres en ville , j’ai rencontré Monsieur Michel Gérard, ancien président du groupe de recherche appliquée sur les galeries multiréseaux, Projet national IREX « Clé de Sol » et co-auteur du Guide pratique des galeries multiréseaux, sorti en septembre 2005 sur les presses de TechniCité, réactualisé en mars 2008.

Ce guide de 700 pages est très complet et parfaitement indexé, compilant toute la méthode pour surmonter l’ensemble des difficultés de financement, responsabilité, sécurité, suivi etc. 

Ce mode d’emploi est extrêmement actuel (ou plutôt, enfin ! il n’est plus trop précurseur) pour résoudre les conflits réseaux-racines, en faveur des arbres et autres végétaux. Il m’a même paru tout simplement génial, quand on pense au contexte chaotique qu’est la réalité encore programmée aujourd’hui. Ces galeries libèrent en moyenne 40% de place en plus pour les arbres. Et les réseaux sont protégés des racines. On imagine alors les noues, caniveaux d’arbres, arbres de pluies ou autres aménagements favorables aux arbres se conjuguer avec les réseaux.

Ce qui manque au déploiement de ces systèmes bénéfiques pour tous, c’est l’anticipation.

En octobre 2023, j’ai pu assister à une conférence de Michel Gérard, et j’ai pu bien mieux comprendre les différents aspects et poser les questions qui restaient en suspens. Il présente très clairement et agréablement ce guide aux nombreux aspects pourtant très techniques, dans toute la complexité des contextes.

D’abord, il faut savoir que c’est un investissement rentable pour tous, après un certain nombre d’années. Un nombre qui paraît long à nos échelles habituelles de consommateurs, mais deux fois plus court que les durées auxquelles sont habitués ces corps de métiers.

Ensuite la méthode “Clé de sol” répartit les bénéfices équitablement entre tous les usagers, et répercute les coûts dans les mêmes proportions. Ainsi, tout le monde est d’accord sur la méthode de partage.

Il existe un long recul sur ce genre de pratiques, utilisées à Paris depuis Haussmann, par exemple avec les Galeries Charnat creusées en 1889.

Ou à Prague depuis les années 70, mais aussi à Besançon depuis les années 60, Tours, Monaco, La Défense, et de nombreuses villes étrangères, au Canada ou en Chine.

La ville de Bruxelles va automatiser l’étude de galeries multiréseaux pour chaque nouveau chantier. Avec Antoine Laurent comme Trees Manager, Bruxelles Mobilité va piloter tout ça comme un modèle à suivre.

Pour finir, je vous partage de nombreux liens.

Cet article comporte de nombreuses photos et exemples, il est très instructif et clair :

TRAVAUX revue nov 2006 p. 53

https://www.fntp.fr/sites/default/files/content/publication/835_galeries_multirseaux.pdf

Infociment Patrick Giraud

https://www.infociments.fr/espaces-souterrains/les-galeries-multireseaux

Thèse sur les galeries multiréseaux écrite en 2005

Exemples à Paris 13

Analyse de la valeur des galeries multiréseaux-Canada CERIU

CERIU projet pilote Montréal

CERIU –Rapport de la mission technique sur les galeries multiréseaux en France et en République Tchèque.

CNIT defense

Il y a 65 000 dommages aux réseaux par an en 2016 !

https://www.reseaux-et-canalisations.ineris.fr/gu-presentation/userfile?path=/fichiers/Guides_techniques/Fascicule2-Guidetechniquedestravaux-v2-2017-04-14.pdf

Film contre arbres à Bagnolet, exemple d’espace pour les arbres qui se rétrécit

https://www.ville-bagnolet.fr/tl_files/actualites/2019/12-%20Decembre/Biens-vente/Ruisseau/Dic/RTE_Annexe_C_documents-joints_LS.pdf

Risques innondations-Indre et Loire favorables aux galeries multiréseaux exemple de Pragues, 90km de galeries, forées au tunnelier, et moins dévastées que les surfaces enterrées lors de l’inondation de 2002

https://www.cepri.net/tl_files/Guides%20CEPRI/Guide%20reseau.pdf

https://fibre.wiki/index.php/Galeries_techniques

galeries techniques Charnat du 19e siecle  à Paris avec photos incroyables

https://www.loulexplo.fr/sous-terre/b%C3%A9ton/galerie-technique-charnat/

Tours, réglementation

https://www.tours-metropole.fr/sites/default/files/reglement_voirie_metropolitaine_web.pdf

Bordeaux sous la Garonne 2020

https://www.solscope.fr/france-bordeaux-un-tunnel-souterrain-va-franchir-la-garonne-pour-traiter-les-eaux-usees,b13-559.htm?impression=1

Enfin, voici deux extraits du guide CEPRI sur les risques des réseaux en cas d’inondations :

page 48/88 GMR = Galeries Multiréseaux :

https://www.cepri.net/tl_files/Guides%20CEPRI/Guide%20reseau.pdf

“La République tchèque, dont plusieurs villes sont équipées en GMR (Prague, 90 km ; Brno, 17 km…), est un exemple très intéressant. Pour faciliter et clarifier le développement de telles installations, le pays a mis en place en 1994 une norme (CSN737505) qui encadre la conception et la mise en service de ces galeries sur le territoire. La norme définit entre autres les types de réseaux pouvant être installés dans les GMR.

L’installation de GMR dans Prague a commencé dans les années 70 avec la construction de quartiers d’habitat collectif. Les galeries sont reliées aux sous-sols des bâtiments par des “corridors techniques”. Plus récemment, des GMR ont été percées au tunnelier dans le centre historique de Prague, zone très touristique et classée, pour laquelle le maire voulait s’affranchir des incessants travaux de surface. Sur les 90 km de GMR, 63 km sont gérés par une même entreprise spécialisée. C’est la ville de Prague qui a financé la construction des GMR et qui finance leur entretien, mais elle envisage aujourd’hui de faire participer les opérateurs de réseaux. Lors de l’inondation majeure de Prague en 2002, les galeries ont été très peu endommagées, contrairement aux infrastructures de surface. Les réseaux, bien accrochés, n’ont pas été altérés par la poussée d’Archimède, qui peut être néfaste en pleine terre.”

page 48 : 

”L’idée de la galerie multiréseaux (GMR) est de construire une galerie souterraine visitable accueillant les réseaux urbains, aussi divers soient-ils : AEP, assainissement et eaux pluviales (à condition que le relief y soit favorable), gaz de ville, électricité, télécom, TV, collecte pneumatique des déchets, réseau pneumatique de La Poste, chauffage urbain…. Cela constitue une alternative à la mise en pleine terre, séparément, de chacun de ces réseaux.

Les galeries multiréseaux sont souvent des tunnels enterrés à plus ou moins grande profondeur (3 m à 30 m). Mais il peut également s’agir d’un “caniveau technique”, dont l’accès se ferait directement depuis la surface, par un système de dalles amovibles servant de support pour un trottoir.

Le caractère visitable des galeries a de nombreuses conséquences positives sur les réseaux eux-mêmes :

• optimisation de la longueur des réseaux, car le tracé des réseaux peut s’affranchir de la trame viaire ;

• possibilité de surveiller en permanence les réseaux (niveau d’eau dans la galerie, par exemple) ;

• intervention facilitée et rapide en cas de défaillance sur un réseau, notamment suite à une inondation ce qui rallonge la durée de vie des installations.

La réduction des fuites et des délais d’intervention représente un gain économique pour les opérateurs.

Par ailleurs, pour la voirie urbaine, les GMR permettent, une fois achevées, de ne plus avoir de travaux en surface liés à l’entretien, la réparation ou l’installation de nouveaux réseaux, ce qui permet de rallonger la durée de vie des revêtements de voirie. De plus, les GMR peuvent accueillir à tout moment un nouveau réseau et permettent de s’affranchir des problématiques de largeur de voie. Enfin, la mise en galerie des réseaux permet de libérer le sous-sol et d’éviter ainsi les accidents de rupture de réseau en cas d’affouillement, mais aussi de laisser plus de place pour des plantations par exemple.

Le caractère visitable des galeries a de nombreux avantages, mais il pose également des problèmes de sécurité, notamment vis-à-vis de la malveillance. De plus, le caractère peu répandu de cette technique fait que les entreprises concernées manquent d’expérience sur le sujet. Ainsi, pour le moment en France, les GMR sont l’objet d’un flou réglementaire et judiciaire. Sur le plan économique et financier, l’investissement de départ est plus important pour une GMR et il faut réfléchir à la répartition des participations entre maître d’ouvrage et gestionnaires de réseaux.

Vis-à-vis du risque d’inondation, les GMR permettent notamment de mutualiser les protections face aux inondations (protection de la galerie bénéfique à de multiples réseaux). En cas d’inondation des galeries, comme les réseaux sont ancrés régulièrement, ils ne subissent pas de déformation, comme cela peut se faire en pleine terre où ils ont plus de possibilités de mouvement. Ainsi, pendant l’inondation éventuelle de la galerie, les réseaux sont moins dégradés qu’en pleine terre et, après la décrue, l’accès aux réseaux pour d’éventuelles réparations est facilité. Cela permet de limiter les dommages et d’accélérer le retour à la normale.”