Galeries multiréseaux et l’apocalypse. Voyage dans le futur…

Un petit air d’apocalypse pour ce montage avec le filtre « BD ». Nous sommes-nous réfugiés dans le sous-sol d’une ville devenue invivable en 2050 ?

Non, nous sommes bien en 2025. C’était un peu irréel de traverser La Défense avec un GPS qui se perd, sûrement par des réverbérations et me faisait faire des ronds. De se voir passer par l’arrière, de friches industrielles, en jardins ouvriers, en entrepôts d’espaces verts, un tracteur qui passe, du ciel, du plat. Puis de retrouver brutalement la civilisation la plus verticale, une gare et hop le siège social de Vinci, 21 étages ! Alors, de rejoindre devant, un groupe d’étudiants et plonger dans les entrailles de la ville guidés par des personnages hors du commun.

J’ai eu le plaisir d’être invitée par Michel Gérard à son cours sur les galeries multiréseaux et d’en visiter une avec les étudiants en Mastère AMUR Aménagement et Maîtrise d’Ouvrage urbain de l’école des Ponts. Les échanges étaient très stimulants. Le monde change, même dans cet univers over-anthropisé, mes propos sur les arbres attirent comme un aimant. Les entreprises ne manient pas que du minéral, elles veulent prendre soin du vivant.

Les galeries multiréseaux sont le futur des villes résilientes, qui offrent des espaces de pleine terre conséquents, où les arbres peuvent déployer leurs racines sans qu’elles soient rabotées à chaque intervention sur les réseaux. Là, les réseaux sont tous rassemblés en un seul lieu, où ils peuvent être surveillés, réparés, installés, changés, sans gênes pour les habitants. Les budgets de végétalisation, de désimperméabilisation pourraient participer à ces chantiers : enfin ! tout le reste de la voirie pourrait être dédiée aux végétaux, même ceux partagés avec les circulations. Plus de sablon pour les réseaux, mais de la vraie terre vivante pour les plantes ! Et enfin des arbres en bonne santé, même les plus grands. Fini les inondations l’hivers. Et une ville fraiche l’été et belle !

La méthode est très simple : élaborer deux études, l’une avec les galeries multiréseaux, l’autre sans, et chiffrer.

Ensuite répartir les montants pour que chaque utilisateur ne paye que sa part de loyer, pas de jaloux.

Pour que ça marche, il faut étudier les deux options avant que les travaux ne soient finis. Et ne pas avoir peur de regarder en face laquelle des deux options est la mieux.

J’exagère un peu les recommandations de Michel Gérard : la lenteur des études demande de les commencer au plus tôt, dès la première idée. Il faut donc que les aménageurs, décideurs, puissent connaitre l’existence des galeries multiréseaux avant de se lancer. Et toutes les craintes ou objections devraient pouvoir être abordées avec sérénité puisque :

1 – les études montrent le meilleur choix, mais n’obligent en rien, personne n’oblige à mêler le sous-sol avec l’esprit.

2 – tous les obstacles possibles, techniques, géographiques, urbanistiques, psychologiques, financiers, sécuritaires sont résolvables avec la méthode Clé de Sol et sont moindres qu’avec la méthode de l’Autruche.

3 – un simple tableau excell permet d’obtenir une estimation de la rentabilité du projet, à 15 ans seulement le plus souvent. Et qui continue d’augmenter ensuite.

Mon aversion très forte pour le béton, pour les canalisations, pour le non spontané, trouve pourtant ici la solution pour laisser les racines suivre leur dessein, avancer avec leur programme sauvage et non canalisable. L’aversion pour la contrainte renverse mes préférences de départs : le béton et des réseaux canalisés offrent espace et vie aux plantes et donc au sauvage et au bonheur en ville.

Revue de presse sur les galeries multiréseaux écrite en octobre 2023